Selon Kasparov, Poutine veut démanteler l’OTAN et l’Union européenne

Pour Garry Kasparov, Vladimir Poutine poursuit une offensive moins visible que la guerre en Ukraine : la destruction progressive de l’OTAN et de l’Union européenne. L’ancien champion du monde d’échecs décrit une stratégie méthodique, patiente, visant à fracturer la sécurité collective occidentale. Derrière son avertissement, c’est l’architecture politique européenne qui se retrouve directement menacée.

Le 4 décembre 2025, au moment où la Russie maintient sa pression militaire et politique sur l’Europe, Garry Kasparov a affirmé que le véritable but de Vladimir Poutine serait la liquidation de l’OTAN et de l’Union européenne. Selon lui, cette stratégie s’inscrit dans une volonté plus vaste de remodeler l’ordre mondial. Parce que cette analyse survient alors que la Russie affirme encore sa capacité à affronter l’Europe, la portée de cet avertissement dépasse le seul cadre ukrainien et touche au cœur de la sécurité européenne.

Une stratégie russe fondée sur la rupture de l’ordre international et l’érosion de l’OTAN.

Kasparov estime que Poutine veut reprendre l’initiative historique perdue en 1991 et imposer un rapport de force direct à l’Occident. Dans son entretien publié par Le Figaro, il assure que « son but stratégique est plus large : prendre sa revanche contre l’Occident, pour la défaite de la guerre froide », une déclaration qui éclaire une volonté de revanche globale. De plus, il affirme que la Russie mène déjà une « quatrième guerre mondiale », expression qu’il emploie pour décrire un affrontement continu où se mêlent opérations militaires, intimidation stratégique et guerre informationnelle. Cette analyse trouve un écho dans les mises en garde récentes du secrétaire général de l’OTAN, qui souligne que l’Alliance est prête « à faire ce qu’il faut » pour défendre l’Europe, selon The Guardian. Ces deux lectures, l’une militante et l’autre institutionnelle, convergent cependant sur un point : la Russie reste une menace majeure pour la stabilité du continent.

Kasparov va plus loin en prononçant l’une de ses formules les plus sévères : « L’Otan est devenue une fiction, juste quatre lettres ». Ce jugement, tiré du même entretien, illustre la conviction que l’alliance ne parvient plus à incarner une dissuasion crédible. Pourtant, les responsables alliés assurent que la défense collective demeure intacte. En parallèle, la Russie alimente la tension en affichant sa disponibilité militaire : Vladimir Poutine a déclaré début décembre que Moscou était « prêt maintenant » à combattre l’Europe si celle-ci entrait en guerre, selon Reuters. Cette affirmation, extrêmement directe, renforce la lecture d’un rapport de force brutal dans lequel l’OTAN représente une barrière que le Kremlin chercherait à contourner ou affaiblir. Ainsi, dans cette première dimension, Kasparov décrit une stratégie où la Russie vise à isoler les membres de l’Alliance pour réduire leur capacité de réaction collective.

Une Union européenne vulnérable face à une offensive politique et stratégique.

L’Union européenne constitue, selon Kasparov, l’autre pilier à abattre. Il affirme qu’ « il lui faut liquider les institutions internationales. Il reste l’Otan et l’UE, et son idée est de les disqualifier dans la conscience des gens », une phrase qui résume sa vision d’un effort russe de long terme. L’UE serait visée non par une attaque militaire directe, mais par un travail d’érosion mené à travers les crises politiques, les divisions internes et l’influence idéologique. Kasparov souligne que l’Union, conçue pour la paix et l’intégration économique, n’a pas été pensée pour une confrontation prolongée avec un adversaire déterminé. Cette fragilité structurelle rendrait l’institution plus vulnérable aux chocs externes et aux manipulations politiques. Selon lui, dès que la menace s’est matérialisée, la construction européenne « était impuissante à riposter », un constat qui résulte de la lenteur décisionnelle et de la fragmentation stratégique.

Cet affaiblissement serait accentué par des dynamiques politiques internes. Kasparov cite plusieurs partis européens qu’il considère comme alignés sur les intérêts du Kremlin, affirmant que leur arrivée au pouvoir modifierait radicalement la posture de l’Europe. Il insiste également sur le rôle des États-Unis : si Washington se retire de son rôle de garant stratégique, l’Union européenne se trouverait immédiatement isolée. De son côté, la Russie maintient une posture agressive, comme en témoignent les déclarations rapportées par Reuters, affirmant sa disposition à affronter l’Europe. Ce discours martial renforce la perception d’un écart entre la détermination russe et la prudence européenne. Dès lors, dans l’analyse de Kasparov, l’Union européenne se trouve placée au cœur d’une stratégie russe visant à neutraliser progressivement son influence politique et sa capacité à défendre l’ordre libéral.

Une séquence militaire et politique qui prépare la liquidation des structures occidentales.

Kasparov situe la guerre en Ukraine au centre de cette dynamique. Il rappelle que « sans elle il n’y a pas d’empire russe », soulignant que la conquête territoriale ne constitue qu’un volet d’un projet plus vaste. L’Ukraine serait l’étape initiale d’un basculement stratégique : si Kiev venait à céder, l’équilibre de la sécurité européenne serait bouleversé. Il prévient que « si on force l’Ukraine à céder, l’Otan est finie ». Ce scénario impliquerait l’effondrement symbolique de la garantie collective et ouvrirait la voie à une Europe divisée, vulnérable aux pressions russes. Les déclarations du président russe confirment la dimension offensive de cette posture. Cette combinaison de militaire et de politique permet de comprendre pourquoi Kasparov affirme que Poutine vise la liquidation de l’OTAN et de l’UE : l’effritement de la capacité de résistance ukrainienne accélérerait mécaniquement l’effondrement des structures occidentales.

Dans ce contexte, Kasparov appelle à des actions fortes pour restaurer la dissuasion. Il évoque la nécessité d’aide militaire accrue, d’un durcissement économique, d’initiatives capables de « montrer les dents », selon son expression. Pourtant, malgré ces mises en garde, l’OTAN réaffirme sa cohésion, comme l’a souligné le secrétaire général. Cette divergence entre discours d’alerte et position institutionnelle reflète l’incertitude stratégique du moment. Ainsi, la liquidation évoquée par Kasparov ne renvoie pas à une attaque brutale, mais à un processus d’affaiblissement réel : paralysie de l’OTAN, divisions internes européenne, pression militaire russe. Selon cette analyse, Poutine chercherait à transformer les faiblesses politiques occidentales en victoire géopolitique.

Jehanne Dupalaa..